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Dossier : L'enfant roi
Éléments d’interventions


Toute intervention auprès d’un enfant roi dominateur, peu en importe la nature, l’intensité et le milieu d’application, doit tenir compte d’un problème incontournable, et il est de taille : tout changement visant sa maturation le conduit invariablement à la frustration, contrairement à l’épanouissement personnel pour un enfant victime de répression et affichant lui aussi une problématique de comportement. L’explication réside dans les origines radicalement opposées de la déviance chez chacun.

L'enfant victime de répression éducative se présente aux portes de la puberté et de l’adolescence avec une tendance marquée et parfois pathologique à la culpabilité, l’anxiété et l’angoisse, ainsi qu’à l’inhibition sévère de sa véritable personnalité. L’analyse clinique de leur dynamique met également en lumière la présence d’une image et d’une estime de soi gravement détériorées, tous les résultats d’une destruction systématique et parfois minutieuse de leur personnalité, tributaire d’un abus de pouvoir parental sur leur personne depuis leur tendre enfance. Leurs difficultés de comportements s’expliquent par la présence d’une impulsivité liée à leur révolte contre cette répression, révolte généralisée la plupart du temps à l’ensemble des figures d’autorité, comme dans la délinquance par exemple, et à la peur acquise du contrôle et de la domination de la part d’autrui.

Les interventions auprès de ces enfants les libèrent des toxines affectives qui étouffent leur épanouissement personnel. Ils récupèrent ainsi leur liberté d’être et réalisent l’apprentissage éventuel du contrôle de soi et de l’inutilité de leur impulsivité au fur et à mesure de l’élimination de leurs tendances excessives à l’anxiété, l’angoisse et la culpabilité, et des peurs paralysantes qui leur cachent la vie. Reprenant de la sorte le sentier du développement de leur identité, ils apprennent à faire confiance et à s’exprimer de nouveau, accédant de ce fait à une compétence éventuelle dans l’intimité. Les changements induits chez ce type d’enfants, nonobstant le temps requis pour leur atteinte, génèrent donc une sérénité grandissante en même temps qu’une purification de leur morale par la mise en place d’une tendance normale à la culpabilité.

Les facteurs liés aux problèmes de comportement chez l’enfant roi sont à l’opposé absolu de cette dynamique. La culpabilité, le remords, l’anxiété et l’angoisse sont totalement absents, en même temps que brille par son absence toute inhibition de l’expression et de l’affirmation de soi, au point où l‘agression fait habituellement partie de son répertoire normal de comportements, tel que nous l'avons vu précédemment. Comme la peur est également absente de sa dynamique affective et que l’impulsivité l’accompagne depuis l’enfance, particulièrement depuis sa fixation au stade impulsif où il continue de séjourner, il recherche le contrôle et la domination par le plaisir pur que ces conduites lui procurent et non par la peur d'être à nouveau contrôlé et dominé, tel qu’il en est le cas chez l’enfant victime de répression. L’image et l’estime de soi atteignent des proportions narcissiques et toute morale, si infime soit-elle et qui pourrait freiner leur appétit pour le plaisir et la satisfaction de leurs désirs, demeure d’une totale inefficacité.

Au lieu de bénéficier des interventions épanouissantes au plan éducatif, l’enfant roi en subit donc la frustration : dorénavant privé de son plaisir, il doit reconnaître (processus faisant appel à la logique) et accepter (processus lié à l’affectivité) qu’une vie nourrie par l’hédonisme est contraire à ce que peuvent requérir le véritable épanouissement personnel et tout fonctionnement social axé sur le respect d’autrui. Il doit ainsi parvenir à la conviction profonde que la répression de sa tendance compulsive au plaisir permet la maturation de la personnalité. Mais il y a un hic majeur à la réalisation de ce processus : comment concevoir comme mal ce qui plaît si intensément? Pétri de narcissisme et parfois vide de toute morale, l’enfant roi n’a pas accès à la culpabilité et à l’anxiété, deux affects essentiels pour assurer le succès de ce processus, et il s'agit là de la raison principale de l'échec de toute action corrective de leurs difficultés. Toute intervention auprès de l’enfant roi dominateur est ainsi privée de ces deux outils essentiels et nécessaires aux parents ainsi qu'aux éducateurs dans le succès de leurs objectifs de rééducation.


© Gilbert Richer. Tous droits réservés 2004 - 2012
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